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En 1993 un shareware (aujourd’hui il faudrait parler de partagiciel) commençait à s’échanger sur de vétustes forums Internet et par envoi de disquettes 3,5″ ! Je parle ici de DOOM premier du nom, édité par id Software et qui devait révolutionner le monde vidéoludique : bond technologique impressionnant, violence polémique, intégration immédiate dans la pop-culture, le voyage aux enfers martiens proposé au joueur ne laissa personne indifférent. Je pourrais parler longtemps de ce phénomène, mais d’autres l’ont déjà fait et comme je suis de nature fainéante, je vous invite à consulter l’article dédié sur grospixels (edit : en fait, il n’y a pas tant que ça d’articles sur le sujet, étonnamment… Je me pencherai peut-être sur le sujet une autre fois, si j’ai le temps de faire un truc correct !).
Quoiqu’il en soit, la création de John Carmack et John Romero (dont un portrait intéressant était dressé dans IG Mag n°5, il y a presque dix ans !) était promis à un bel avenir, avec plusieurs suites, adaptations sur tous les supports et même déclinaison cinématographique (Bob s’engage : ce n’était pas aussi mauvais que ce que l’on vous a dit, et une suite serait même dans les tuyaux !). La dernière itération de la série, le reboot de 2016, était une petite tuerie qui a reçu son lot (mérité) de récompenses. Et sa suite DOOM ETERNAL est très attendue. Allez, pour le plaisir, le trailer E3 !
Malgré une descendance multiple et aux succès important, le vénérable ancêtre de la famille jouit toujours d’une aura légendaire – pendant longtemps tous les FPS s’appelaient doom-like i.e. « identique à DOOM » – et compte probablement parmi les jeux comptant le plus de rééditions, mods et copies plus ou moins sérieux. Un éditeur de niveau était fourni avec le jeu – et toujours disponible – ce qui a grandement contribué au succès de la licence, chaque utilisateur pouvant relativement facilement imaginer et distribuer ses propres niveaux. Même John Romero s’y est remis il y a trois ans – surprenant tout le monde – et ne semble plus pouvoir s’arrêter !
C’est dans ce microcosme de l' »homebrew doomesque » que s’inscrit BRUTAL DOOM, initié en 2010 et dont la première release date de 2012, soit près de vingt ans après l’original. Mais si la scène des bidouilleurs de DOOM est si vivante, pourquoi parler de BRUTAL DOOM en particulier ? Déjà parce que le mod arrive enfin à terme, la release candidate (version de test finale avant la sortie « officielle et définitive ») est disponible depuis la fin août et que la version finale est attendue pour très bientôt; pour une fois que tonton Bob arrive à être un peu raccord avec l’actualité, il faut en profiter ! Et surtout parce que ce mod est probablement le plus complet et cohérent de la scène; le plus excitant également : jouer à DOOM 1983 en mode BRUTAL DOOM, c’est jouer à DOOM comme le vieux ludophile blasé s’en souvient avec émotion et non pas comme il est en réalité !
« BRUTAL DOOM, c’est DOOM insensible aux ravages du temps »
Bob Dupneu, 2019
Pour sa création, le moddeur Sergeant_Mark_IV s’est en effet inspiré de deux décennies d’évolutions et d’innovations dans le domaine du meurtre en vue subjective pour ajouter au carnage initial quelques petites coquetteries toujours bienvenues pour choquer Familles de France : animations funèbres plus réalistes (avec le système des animations « ragdoll » – pantins articulés), armes rénovées, gerbes de sang, améliorations graphiques, mises à mort, headshots, etc. L’addition de tous ces éléments assemblés avec amour et sadisme depuis des années a valu à BRUTAL DOOM de recevoir le prix du Mod de l’Année 2012 décerné par le site spécialisé ModDB, ainsi que l’approbation de John Romero lui-même !
Certes, notre sergent Marc n’a pas réinventé la roue : non seulement le mod est dépendant des niveaux existants (les fameux WAD), mais en plus il repose techniquement sur un des ports de DOOM (pour faire simple, un port est une recréation moderne d’un vieux jeu, qui se concentre sur l’aspect technique, le contenu étant celui du jeu original); mais BRUTAL DOOM apporte son lot d’amélioration au port utilisé et surtout il permet de parcourir avec plaisir et amusement des niveaux voués autrement à l’oubli, tant le jeu original, révolutionnaire il y a un quart de siècle, semble poussif dans sa version « vanilla » !
« Quel intérêt de parcourir un vieux jeu – même rénové – lorsque des classiques instantanés sortent quasiment tous les mois en ce moment ? » me direz-vous. Et je suis d’accord : la production vidéoludique actuelle traverse un nouvel âge d’or tant au niveau de la qualité que de la quantité, et il y en pour tous les goûts, du blockbuster AAA bien gras au petit jeu indé plein de génie ! Loin de moi l’idée de jouer au ludophile snob et de nier cette réalité; je ne vais pas non plus enfiler ma veste en velours côtelé avec renforts aux coudes et vous expliquer qu’il est important d’entretenir sa culture vidéoludique : ce microcosme est avant tout là pour que l’on s’amuse un peu dans ce monde de brutes. L’intérêt est bien ailleurs, et purement ludique : DOOM n’était pas seulement une révolution technique doublée d’une revendication culturelle, c’était aussi un super jeu au level design inspiré. C’était, et cela le reste, ce que permet de se rappeler BRUTAL DOOM.
Et si vous avez encore quelques doutes, le vieux Bob a sorti son logiciel de montage vidéo préféré pour vous concocter un chez d’œuvre de 4 minutes et 30 secondes comparant quelques passages dans le jeu original puis dans le mod. Et, oui, je sais que je suis mauvais à ce jeu et, oui, j’ai noté que le curseur de la souris est visible, mais tant pis, c’est mon site, je fais ce que je veux, na !
En toute honnêteté, BRUTAL DOOM – accompagné de quelques supplétifs mais j’y reviendrai dans un autre billet ou j’expliquerai comment installer le mod – n’a pas à rougir, question fun et rythme, face aux productions actuelles. On peut le comparer à une version remasterisée-4K-Dolby-Surround-5.1 d’un classique du cinéma : l’œuvre est la même, mais il est plus confortable d’en profiter dans de bonnes conditions. Et c’est surtout mieux qu’un remake de bas niveau ou qu’une fade copie. Rejouer au dieu des FPS dans ces conditions aujourd’hui, c’est redécouvrir un monument de plaisir coupable tout en faisant un beau pied de nez au temps qui passe et nous dégrade tous !
Bob Dupneu
Par ailleurs
New Super Mario Bros.U Deluxe, soit le sauvetage portage d’une des bonnes exclusivités de la Wii U, sort la semaine prochaine sur Switch. Après MK8, Splatoon, Bayonetta 2, Captain Toad Treasure Tracker ou encore Donkey Kong Tropical Freeze, Big N aura bientôt rapatrié sur Switch tous ses bons soldats qui méritaient d’être sauvés de la Bérézina Wii U. Et c’est plutôt bien, puisque cela permet à ces titres remarquables de ne pas tomber dans l’oubli. Mais quand même, Miyamoto et cie. doivent encore se frotter les fesses après une telle déculottée (vous êtes bien sur bobdupneu.fr : j’ai parlé de Nintendo et utilisé un terme désuet !).