Hack de la PS Vita : une stratégie de Sony?

Ceux qui suivent un peu l’actualité du hack sur console (notamment en consultant l’excellent site des gueux) savent que la PS Vita détient le très envié (ou pas…) record du support de jeu le plus rapidement hacké! En effet, moins de 24 heures après sa sortie au Japon le 18 courant, un petit malin a réussi a exécuter du code non signé sur le nouveau joujou de chez Sony! L’expression « exécuter du code non signé » ne doit pas être familière à tout le monde, alors précisons simplement que cela signifie qu’on a trouvé la clef de la culotte de chasteté de la Vita le jour de sa sortie, alors que la 3DS demeure inviolée depuis près d’un an!

Certes, le hack d’un appareil électronique quel qu’il soit est si commun aujourd’hui (iPhone, si tu nous entends…) que la nouvelle ne devrait pas surprendre au-delà de la rapidité avec laquelle celui de la PS Vita a été effectué. Néanmoins, il est toujours bon de prendre un peu de recul sur les événements afin de déceler les manipulations dont nous pouvons faire l’objet (car « la vérité est ailleurs »… argh, Mulder, sors de ce corps!)… Sans dramatiser pour autant, un petit rappel s’impose : Sony doit beaucoup au hack de ses consoles. Si la firme nipponne a un temps dominé le marché vidéoludique de la tête et des épaules, c’est principalement notamment en raison du piratage, son frère indigne!

Retour en arrière, deuxième moitié des années 90, une époque dont seuls ceux qui ont compris la vanne sur Mulder se rappellent.  Les ordinateurs familiaux commencent à s’inviter dans les foyers, les modems 56K sont rois et bloquent la ligne téléphonique après leur concert de bips au démarrage, et les premiers graveurs de « cédéromes » sont mis en vente. Conséquence logique, les copies de jeux PC se multiplient et s’échangent massivement dans les cours de récréation. Rappelez-vous qu’à l’époque les protections anti-copie n’existent pas vraiment : un code générique, qu’on inscrit logiquement sur le CD copié, permet l’installation (même si quelques petites astuces sont déjà imaginées par les développeurs, comme par exemple le CD d’Anno 1602 faisant croire au graveur qu’il occupe plus d’un Go, alors que les CD sont limités à 650/700 Mo!).

C’est dans cette époque troublée par les affres du piratage que naît la PlayStation, première du nom. La console jouit d’une confortable avance sur Nintendo – qui peine à relever une Super Nintendo vieilissante –  et d’un avantage certain sur SEGA – dont l’image de marque s’est effondrée suite aux errements de la firme au temps de la Megadrive (Mega-CD et 32X). La console profite ainsi de l’allégeance des éditeurs tiers qui vont offir à la PSX certains des plus grands jeux de tous les temps (Metal Gear Solid, Resident Evil, Gran Turismo… et la liste est encore – très – longue!).

Victime de son succès, la PlayStation devient rapidement la cible privilégiée des pirates. L’absence de protection digne de ce nom à la réalisation de copies (et surtout à leur lecture) va permettre le développement massif d’un phénomène jusqu’alors assez confidentiel sur consoles. Les jeunots seront ainsi surpris d’apprendre qu’à l’époque un simple capuchon d’effaceur bien placé suffisait à lire un jeu import ou une copie (technique du SWAP), et ceci avant même que les première puces n’apparaissent, puces que l’on faisait installer par un « moddeur » au fond d’un garage poussiéreux ou d’une cave humide, moyennant quelques dizaines de francs! Probablement surpris à l’époque, car sans véritable expérience dans le domaine vidéoludique, les créateurs de la 32 bits ne réussiront jamais à empêcher son piratage.

Il est aujourd’hui communément admis que la « piratabilité » de la PSX a grandement contribué à son succès, notamment face à la N64 (la Saturn s’étant suffit a elle-même pour se planter lamentablement…). Ce constat n’est pas encore d’actualité lorsque vient le moment de lancer la PS2 : alors que Nintendo privilégie une nouvelle fois un format propriétaire pour sa Game Cube et que SEGA « invente » le GD-Rom (qui sera un des plus gros « fails » de l’histoire de la firme… Rappelez-vous les ISO DC « Autoboot » sur  Kazaa et Morpheus :D), Sony privilégie le DVD, support récent qui propose une grande capacité de stockage et dont les graveurs (ainsi que les DVD vierges qui vont avec) ne se trouvent que diffilement et à des prix prohibitifs. Las, ce format devient très vite populaire et les prix s’effondrent, ouvrant une nouvelle ère de piratage sur console PlayStation, qui suit le même schéma que celui de la PSX : SWAP (avec une carte téléphonique découpée selon un certain modèle cette fois-ci) puis puces…

Une fois encore cependant, le piratage s’avèrera au final bénéfique pour Sony : alors que le combat s’annonçe rude entre PS2 et GC (puis XBox, après la fin prématurée de la DC), la réputation de « piratabilité » des consoles Sony orientera le choix de plus d’un joueur!. Ainsi, lorsque vient pour Sony le moment de défier Nintendo sur le marché des portables, la marque PlayStation est déjà intime avec la flibusterie… La PSP ne met pas longtemps avant d’offrir sa vertu, cependant cette-fois l’intrusion n’est plus électronique (même si je crois me rappeler avoir vu passer des « puces » PSP…) mais purement logicielle : des hackeurs comme le regretté DarkAlex (non, il n’est pas mort, il a juste quitté la scène PSP depuis un petit bout de temps) ouvrent la voie aux OS alternatifs et autres Custom Firmwares.

Le piratage massif de la PSP ne permettra toutefois pas à cette dernière de prendre l’avantage sur la NDS. Les cyniques y verront une raison toute simple : le piratage sur la portable de Nintendo est devenu si facile avec l’apparition des linkers que même les parents se mettent à fournir des copies à leurs bambins, trop heureux de pouvoir satisfaire leurs demandes dans devoir remettre la main au portefeuille! Sans faire de procès d’intention, il est certain que la question de la « piratabilité » d’une console comme argument de vente a probablement traversé l’esprit des pontes de Sony lorsqu’est venu le moment d’analyser l’échec que représente la PSP, surtout quand en constatant le temps pris par tonton Mario avant de réagir à l’apparition des linkers

La PSP et la NDS étant des portables assez puissantes, certains se sont piqués de les utiliser comme supports pour divers logiciels « maison » (utilitaires, émulateurs, jeux amateurs, …) regroupés sous le vocable « homebrew« . Séduisante sur le principe, la scène homebrew est malheureusement souvent réduite au rang de simple justification au hack des consoles, justification nécessaire pour assurer la survie des sites et des entreprises qui proposent tout le nécessaire (tant en connaissance qu’en matériel) pour s’adonner aux « joies » de la copie illégale… En offrant aux geeks d’installer Linux – l’OS fétiche des amateurs d’open-source et autres bidouilleurs informatiques – sur la PS3, il est clair que Sony a cherché a supprimer la « justification homebrew » : Linux permettant d’accéder à la majeure partie des ressources de la PS3, difficile en effet de justifier le hack de la PS3 à des fins libertaires. Or, sans hackeurs, point de pirates! A ce stade de son histoire, Sony marque donc une opposition de principe au piratage.

Mais soudain, Sony décide de refermer la parenthèse Linux et prohibe l’installation de cet OS à l’occasion d’une mise à jour de la console. Décision qui ne manque pas d’attirer les foudres des hackeurs de tous horizons… La suite vous la connaissez sans doute, avec l’apparition de clés USB permettant la lecture de « backups » (c’est comme ça que les pirates appellent les copies. Backup dans le sens de « copie de sauvegarde », histoire de rester « juridiquement correct »…) en toute simplicité. Comment ne pas voir dans cet acte de Sony une provocation à l’endroit des hackeurs, dans le but inavouable de voir la PS3 piratée? Certes, les forfanteries de GeoHot ont probablement irrité Sony, mais la firme, qui voyait les ventes de la PS3 stagner dangereusement, ne pouvait ignorer que les « solutions » existantes en matière de lecture de copies sur la 360 et surtout la Wii n’étaient pas étrangères aux chiffres de ventes des deux machines…

Étonnamment (ou pas…) les ventes de la PS3 se sont envolées l’année dernière (certes, l’avalanche de hits n’est pas étrangère à cet engouement des joueurs, mais elle n’est pas exclusive à la console de Sony!), alors même que le piratage de ce support est devenu possible et simple. L’entreprise Sony est-elle trop tolérante avec le piratage, et l’utilise-t-elle comme argument de vente? Il est tentant de le croire, et de l’affirmer au vu de la relation particulière (« Je t’aime, moi non plus ») entretenue entre la marque PlayStation et la flibuste…

Revenons au hack de la toute jeune Vita; inutile de crier au génie : le codeur à l’origine de l’exploit n’a fait que reprendre une faille connue et utilisée sur la PSP! Sony n’a donc pas jugé utile de corriger avant la sortie de son nouveau support de jeu un défaut de sécurité connu de tous… Étonnant, d’autant plus qu’aucune des deux mises à jour publiées depuis la sortie de la console n’a résolu le problème. Incompétence des techniciens de chez Sony ou incitation au piratage? Ce qui est sûr, c’est qu’après l’échec de la PSP et l’envolée des ventes de la 3DS en cette fin d’année 2011, les géniteurs de la PS Vita peuvent être tentés de sacrifier la rentabilité de leur support (et la survie de certains éditeurs tiers) pour imposer leur marque dans un monde qui se soumet petit à petit à la tyrannie du branding

Bob Dupneu

Par ailleurs

Si les ventes de Noël représentent 60% du chiffre d’affaire de l’industrie vidéoludique, n’oubliez pas que les jours qui suivent directement le 25 décembre sont dans la grande distribution une période de déstockage massif, et ce dans tous les domaines. Même si je rechigne habituellement à me rendre dans les grandes surfaces de vente, j’y fait traditionnellement une petite inspection fin décembre. Hier soir, j’ai ainsi trouvé un pack DJ Hero 2 avec sa platine et DJ Hero 1 en bonus pour 20€ et BloodBowl DS pour 10€… donc vous savez ce qu’il vous reste à faire s’il vous reste un peu d’argent de Papa Nowel!

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