Baisse du marché japonais des jeux vidéos au premier semestre 2011

Si l’industrie vidéoludique traverse une période globalement assez faste, il ne faut pas oublier que de fortes disparités existent en son sein. Ainsi, au Japon, qui est pourtant un acteur majeur du secteur depuis le milieu des années 80, le milieu n’est pas au mieux de sa forme : les studios locaux accusent un retard technologique désormais flagrant, tandis que le secteur de l’arcade est en perdition (mais au moins existe-t-il encore au pays du Soleil levant…). Il n’est dans ces conditions pas étonnant que le marché du jeu vidéo subisse au premier semestre 2011 une baisse substantielle.

Cette baisse est rapportée par Enterbrain, maison d’édition japonaise propriétaire entre autres du magazine Famitsu et de l’éditeur de jeux RPG Maker. Le rapport est repris et commenté dans un article publié sur le site Internet de Famitsu dont je vous propose la traduction ci-après. Petite précision utile : l’année fiscale démarre au Japon en mars; le premier semestre s’étend donc de mars à septembre, ce qui explique la date de diffusion du rapport d’Enterbrain (le 29 septembre). L’année scolaire nippone suit d’ailleurs le même calendrier, avec une rentrée en avril!

Évidemment, un tel rapport passionnera plus les actionnaire que les ludophiles que nous sommes, car il permet surtout d’évaluer la rentabilité du secteur et de ses différents acteurs. Il est toutefois intéressant de noter que Big N est toujours le maître du jeu, tandis que Microsoft devrait probablement penser à saisir la HALDE locale 😉 ! En ce qui concerne les jeux, le Japon reste fidèle a lui-même avec deux RPG en tête de liste, dont un énième spin-off de Dragon Quest. Il faut noter la performance de Tales of Xillia sur PS3 qui, en à peine trois semaines d’exploitation, truste la première place du classement!

Au final, ce premier semestre n’a rien de folichon, et il faudra sans doute attendre, comme il est indiqué sur le rapport, les grosses sorties prévues en fin d’année et la guerre PS Vita / N3DS pour retrouver un marché un peu plus dynamique. Je profite de l’occasion pour rappeler à ceux qui aiment les guerres et les chiffres l’existence du site Console Wars.

Bob Dupneu

L’article original se trouve ici : http://www.famitsu.com/news/201109/29051108.html

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Baisse du marché japonais des jeux vidéos au premier semestre 2011, qui représente 158 milliards 430 millions de yens (NDT : 1,5 milliard d’euros environ) soit 84,9% du premier semestre 2010.

Le 29 septembre 2011, Enterbrain a dévoilé son rapport portant sur le marché des jeux vidéos domestiques au premier semestre 2011.

*La 3DS, console la plus vendue

Le 29 septembre, Enterbrain a dévoilé son rapport annuel relatif au premier semestre du marché japonais des jeux vidéos domestiques. Sur la période 28 mars-25 septembre, et en tenant compte de l’ensemble du marché, les ventes cumulées de hardware et de software s’élèvent à 158 milliards 430 millions de yens. Cela représente 84,9% de l’exercice précédent. Pour expliquer ce résultat, le rapport avance plusieurs explications : « L’année dernière a été dynamisée par la sortie des jeux Pokémon Noir et Blanc (NDS) qui se sont vendus à 3 410 000 exemplaires, alors que cette année, aucune licence comparable n’est sortie, et ce dans un contexte de baisse du marché du software. ». Cependant, le communiqué se risque à quelques pronostics concernant le second semestre 2011 : « Il est quasiment certain que la PS Vita sortira le 17 décembre prochain. De plus, et malgré la chute de ses actions en bourse, Nintendo pourra compter en fin d’année sur les gros hits que seront Mario Kart 7 et Monster Hunter 3G sur 3DS. Avec ce cumul de hardware et de software en fin d’année, il est permis d’espérer… ».

*Comparatif des écarts de marché au premier semestre

(Période retenue pour le premier semestre 2010 : 29/3 – 26/9)

<Premier semestre 2010 (26 semaines)>

  • Hardware : 61 milliards 240 millions de yens
  • Software : 125 milliards 440 millions de yens
  • Montant total : 186 milliards 690 millions de yens (NDT : 1,8 milliard d’euros environ)

<Premier semestre 2011 (26 semaines)>

  • Hardware : 59 milliards 770 millions de yens (97,6% de l’exercice précédent)
  • Software : 98 milliards 660 millions de yens (78,7% de l’exercice précédent)
  • Montant total : 158 milliards 430 millions de yens (84,9% de l’exercice précédent)

Pendant cette période, la console la plus vendue a été la N3DS avec un total de ventes estimé à 1 120 378 unités. Vient ensuite la PSP avec 876 035 ventes. Enfin, parmi les consoles de salon, la palme revient à la PS3 avec 606 423 unités écoulées.

*Détail des ventes par machine

(Le total des ventes est calculé entre le jour de mise en vente et le 25/09/2011)

  • NDS (*) : 206 824 unités (total : 32 805 694)
  • N3DS : 1 120 378 unités (total : 1 921 801)
  • PSP (**) : 876 035 unités (total : 17 743 888)
  • Wii : 292 162 unités (total : 11 826 752)
  • PS3 : 606 423 unités (total : 6 948 373)
  • Xbox 360 : 47 177 unités (total : 1 495 842)

(*) Cumul NDS, NDS Lite, NDSi et NDSi LL

(**) Cumul PSP et PSP Go

Le jeu le plus vendu sur la période étudiée est un jeu Namco-Bandai sorti le 8 septembre sur PS3, Tales of Xillia, dont 590 621 unités se sont écoulées. Juste après, on trouve un jeu Square-Enix pour NDS, Dragon Quest Monsters : Joker 2 – Professional. En troisième position se trouve un jeu Nintendo pour Wii, Minna no Rythm Tengoku.

*TOP 5 des ventes de jeu

  1. Tales of Xillia – (total des ventes au premier semestre : 590 621; support : PS3; éditeur : Namco-Bandai; Date de sortie : 08/09/2011)
  2. Dragon Quest Monsters : Joker 2 – Professional – (total des ventes au premier semestre : 511 697; support : NDS; éditeur : Square-Enix; Date de sortie : 31/03/2011)
  3. Minna no Rythm Tengoku – (total des ventes au premier semestre : 487 296; support : Wii; éditeur : Nintendo; Date de sortie : 21/07/2011)
  4. Zelda no densetsu – Ji no okarina 3D (NDT : Zelda OOT 3D) – (total des ventes au premier semestre : 405 333; support : N3DS; éditeur : Nintendo; Date de sortie : 16/06/2011)
  5. Ryû ga shiku OF THE END (NDT : Yakuza of the end) – (total des ventes au premier semestre : 404 484; support : PS3; éditeur : Sega; Date de sortie : 09/06/2011)

4 comments

  1. Il faut noter aussi que le Japon subit de plein fouet deux effets majeurs qui pénalisent l’économie en général, et donc l’écosystème du jeu vidéo entre autres.

    Le premier c’est évidemment la crise économique, qui a durement frappé l’archipel japonais, avec notamment les cours du Yen qui l’ont handicapé. Quand l’économie va mal, à défaut de pouvoir arrêter de bouffer, c’est souvent les loisirs qu’on réduit en premier, y compris les jeux.

    Le second point, c’est le tsunami et les conséquences nucléaires qui ont suivi. D’une part, l’aspect anxiogène que ça a généré a certainement jeté un gros froid dans la population pour plusieurs mois. D’autre part, le Japon est dans une phase transitoire où son énergie nucléaire est progressivement arrêtée pour être remplacée. Mais du coup, les nippons ont du faire face à des régulations voire coupures d’électricité régulières. Là non plus, ça ne joue pas en faveur du jeu vidéo, qui est bien moins indispensable que laver son linge par exemple.
    Bon je pousse peut être le bouchon un peu loin dans ce dernier exemple, mais je pense que nos amis japonais sont de façon générale plus préoccupés par des considérations autres que leurs loisirs. Mais comme tu le dis, la période de Noël est propice à rendre le sourire aux gens, espérons le!

  2. Je suis assez d’accord avec toi en ce qui concerne les effets du tsunami sur la consommation. Les japonais sont depuis mars dernier dans une sorte de deuil national en application duquel ils réduisent les activités un peu trop ostensiblement joyeuses (des consignes ont été données pour limiter les débordements festifs des traditionnels pique-niques sous les cerisiers printaniers – ce qui n’a pas manqué de soulever quelques contestations – tandis que de nombreux feux d’artifices ont été annulés l’été dernier, entre autres choses). Il est fort probable que, consciemment ou non, leur consommation de plaisirs vidéoludiques a également reculée.

    Idem pour ce qui est de l’électricité, qui ne pose véritablement problème qu’au Nord du pays (pour des raisons historiques, le Japon dispose de deux réseaux électriques indépendants, au Nord et au Sud, qui ne peuvent se connecter car leurs tensions électriques – si j’ai bien compris – diffèrent, et ce même si le voltage est le même. La centrale de Fukushima se trouvant sur le réseau Nord, seul ce dernier est touché dans les faits). Mais, sauf dans les premières semaines suivant la catastrophe, il n’y a pas eu de coupures d’électricité : les nippons ont effectué un effort collectif d’économie de l’énergie, notamment sur la climatisation, qui a suffit a surmonter le problème. Mais certains japonais ont peut-être, dans le cadre de cet effort national, limité leur consommation de jeux vidéo…

    Je ne te rejoins cependant pas en ce qui concerne la crise économique, car le Japon n’est pas particulièrement touché pour le moment : la dette publique du Japon, énorme, est essentiellement détenue par des particuliers, ce qui limite les effets de la bourse dans ce domaine, tandis que la hausse du yen est plutôt une bonne chose pour les particuliers (mais une très mauvaise chose pour les entreprises qui exportent). La situation pour les particuliers est globalement la même qu’en France, à savoir qu’ils ne sont pas directement touchés par la « crise » que nous traversons… sauf à avoir des millions d’actifs en bourse, ce qui n’est pas mon cas 🙁 !
    Indépendamment de ces considérations économiques probablement un peu trop basiques, je pense que le marché des jeux vidéos au Japon est assez secoué par la concurrence des jeux sur téléphone, auxquels de nombreuses personnes s’adonnent dans les transports en commun. Mais je n’ai aucune enquête ou rapport sous la main pour corroborer cette sensation!

  3. Pour revenir sur ton dernier point, j’aimerais aussi beaucoup avoir une vraie étude sur les jeux sur téléphone. De mon point de vue, je dirais que ça n’est pas forcément le même marché que les consoles portables. Pourtant, les analystes ont tendance à dire l’inverse.
    Alors bien sûr, les deux se chevauchent, moi même je joue bien à Angry Birds sur mon portable! Mais je ne sais pas si on peut être aussi catégorique pour affirmer que le marché des jeux sur téléphone mange celui des consoles, tout comme les analystes affirmaient que les tablettes allaient complètement éclipser les netbooks en 1 an. Alors évidemment que ça ronge le marché, mais ça ne le tue pas forcément.

    Bon après, le marché Japonais reste quand même très spécifique, donc de notre point de vue européen, je trouve que c’est toujours difficile de comparer.

  4. Je ne crois pas que le marché des jeux sur portable mange celui des consoles, mais je suis à peu près certain que les joueurs très occasionnels se contentent des petits jeux proposés sur les smartphones, se passant ainsi aisément d’une DS ou d’une PSP, alors que les mêmes consommateurs achetaient une GB avec Tetris il y a 10 ou 15 ans. Mais ce n’est là qu’un sentiment personnel…

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