Nos jeux vidéos 70-90, le livre de Marcus

Depuis le milieu des années 70, le monde vit l’une des ses plus grande révolution, celle de l’informatique, avec les jeux vidéos pour émanation ludique de ce phénomène de grande ampleur. L’histoire vidéoludique n’est donc plus si récente, puisque près de quarante années nous séparent des premiers jeux grand public! C’est dans cette histoire particulière et passionnante (pour nous autres ludophiles, s’entend!) que les éditions « Hors collection » nous proposent de plonger avec « Nos jeux vidéo 70-90« , leur nouvel ouvrage qui offre aux plus jeunes de découvrir la genèse de notre hobby, et aux plus vieux de mettre un peu d’ordre dans leurs souvenirs de jeunesse.

La maison « Hors collection » n’est certes pas connue dans notre microcosme, et pour cause : il s’agit là de son premier livre consacré à l’univers vidéoludique. Il est d’ailleurs toujours agréable de constater que, depuis quelques années déjà, les éditeurs généralistes s’intéressent de plus en plus aux jeux vidéos. Cela tend à démontrer que l’anathème dont nos mondes de pixels souffrent depuis de nombreuses années commence à s’estomper. Par ailleurs, il est bon de faire entrer un peu de sang neuf dans le petit cercle des éditions spécialisées dans ce domaine :  la concurrence évite les situations de monopole!

« Nos jeux vidéos 70-90 » a donc comme premier atout d’apporter un peu de fraîcheur dans un domaine, celui des ouvrages consacrés aux jeux vidéos, qui commence un peu à se formater et, parfois même, à se répéter. Il bénéficie cependant d’une deuxième qualité, à mon sens plus importante : son auteur, Marcus. Enfin auteur… en réalité l’auteur est Philippe Kieffer, un journaliste que je dois avouer ne pas connaître, et qui a mis par écrit le contenu d’entretiens répétés avec le susdit Marcus (j’aime ce mot 😀 ). Mais cela ne change pas le principal : l’esprit et le fond de l’ouvrage sont bien issus de l’animateur de « Retro Game One« , « Chez Marcus » et « Marcus a dit…« .

Faut-il vraiment présenter Marcus? Tous ceux qui regardent Game One ou NoLife connaissent forcément ce sympathique histrion, tandis que les plus anciens se rappellent peut-être de son passage dans les rédactions de Tilt ou Consoles +. Car si le bonhomme est particulièrement en vue depuis quelques années et ses apparitions répétées à la télévision, il fait partie des dinosaures de la presse vidéoludique, de ceux qui ont « tout vu, tout connu »! Mais contrairement aux regrettés pigistes de ma jeunesse, Marcus continue d’évoluer dans ce monde, gardant sa bonne humeur et son optimisme depuis près de trente ans! Une véritable performance…

Le ton de « Nos jeux vidéos 70-90 » se veut donc à l’image du journaliste-animateur : léger, enjoué et humble. Ce n’est pas plus mal à une époque ou l’information vidéoludique est trop souvent proposée par des journalistes de seconde zone qui se prennent un peu trop au sérieux ou par des maniaques socialement inaptes et aux tendances sectaires, qui se prennent vraiment trop au sérieux! Marcus est d’une autre époque, et ça se sent : une époque ou les magazines vendus en kiosques s’écoulaient sans peine alors qu’ils étaient rédigés par de jeunes adultes tout juste sortis de l’adolescence; une époque ou ce qui comptait vraiment dans le jeu vidéo, c’était le plaisir procuré et ou tester un jeu signifiait avant tout procurer du fun au lecteur!

Du coup, le contenu de l’ouvrage pourra paraître un peu léger aux lecteurs les plus avertis : sans pour autant dire de contre-vérités, Marcus simplifie souvent, reste évasif et très franchouillard dans son analyse de la période évoquée. Évidemment, de nombreux éléments de détail (ou pas, d’ailleurs…) sont purement et simplement éludés, tandis que le travail de relecture a laissé passer quelques coquilles (WipOut à la place de WipeOut ou encore Ecco the Dolphin attribué à Nintendo…). Il ne faut donc pas chercher dans « Nos jeux vidéos 70-90 » un exposé rigoureux et exhaustif…

Quel est donc l’intérêt de ce nouvel ouvrage, si ce n’est de prodiguer une information fiable? Eh bien, il s’agit tout simplement de proposer au lecteur une chouette balade dans deux décennies d’innovations et d’inventivité, deux décennies qui ont permis aux jeux vidéos de s’inscrire durablement dans le paysage culturel mondial. Et cette balade s’avère vraiment sympathique : par le ton du discours d’abord, par la forme de l’ouvrage ensuite. Les illustrations abondent tandis que la maquette est maîtrisée et agréable. La qualité purement matérielle (épaisseur des pages, reliure cousue, qualité de l’impression) justifiant à mon sens le prix un peu élevé (24,90€).

Au final, j’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir « Nos jeux vidéos 70-90 » : les anecdotes de Marcus et les visuels choisis m’ont réexpédiés directement en enfance et rappelés de bons souvenirs, tandis que la simplicité de l’exposé m’a permis de mieux comprendre les périodes auxquelles je n’ai pas participé (tout ce qui précède la NES, en gros…). Séance nostalgie pour les plus anciens, bonne introduction à l’histoire de nos mondes pixelisés pour les autres, ce nouvel ouvrage mérite que l’on s’y intéresse, car il est de ceux que l’on parcourt distraitement à l’occasion, comme un vieux guide touristique rappelant un beau voyage!

Bob Dupneu

P.S.: Un deuxième volume traitant les deux décennies suivantes est prévu, Marcus promettant qu’il mettra moins de temps que le Duke à revenir!

10 comments

  1. Je trouve aussi très appréciable d’avoir enfin une certaine reconnaissance du jeu vidéo. De ne plus recevoir de regard condescendant de la part d’un marchand de journaux lorsqu’on achète un magazine de jeu vidéo. Ou de ne plus trouver ce type d’ouvrage au fond du rayonnage « Enfants ».

    Alors on n’en est quand même qu’au début, mais ne plus avoir l’impression de passer pour un gamin attardé parce qu’on apprécie les jeux vidéo, ça fait toujours plaisir.

  2. Je pense même que c’est un phénomène qui ne fera que s’amplifier : les gamins qui jouaient dans les années 80-90 sont désormais des adultes avec un pouvoir économique certain et qui s’installent progressivement dans la société, y compris dans des postes « influents ». Mais même si les jeux vidéos commencent à revêtir un habit plus « adulte », il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit au final que de jeux : d’où la nécessité d’un discours léger comme celui de Marcus!

  3. Il ne s’agit que de jeux oui, mais tout comme le sport n’est que du sport, même chose pour les films.
    Pourtant, ils sont pris très au sérieux par certains médias, comme tu le dis parce que le jeu vidéo est encore jeune.
    Mais pour autant, ça ne veut pas dire qu’on doit le négliger : on peut en parler légèrement tout comme l’analyser plus profondément, comme les Cahiers du Jeu Vidéo peuvent le faire par exemple. 🙂

  4. Merci pour ce chouette article enfin critique et argumenté ! La plupart des autres journalistes que j’ai pu lire se contentent de décrire le bouquin sans donner leur avis, et ça fait plaisir de voir quelqu’un qui dit très sincèrement ce qu’il en pense. Tu es aussi le premier à avoir repéré les quelques rares erreurs qui me rendent malades en temps que bon vieux fanatique geek. Il y en a d’autres (il est aussi question « d’une Amiga » par exemple, et certaines photos sont mal placées), mais pas trop heureusement ! Il fallait bien quelques « boulet time » pour égayer un peu tout ça, sinon ça ne m’aurait pas ressemblé tout a fait ! 😉

  5. Et merci d’avoir pris le temps de lire ma critique et de la commenter! Effectivement, quelques « boulet time » étaient nécessaires… en tout cas j’attends la suite avec intérêt!

  6. Bonjour
    Je viens juste de découvrir sur la page facebook de Marcus que ce livre existait!
    Je ne sais pas pourquoi mais étant fan de la 1ère heure du jeu vidéo (NdF : pong, je t’aime!), quelque chose me dit que mon prochain cadeau sera ce magnifique grimoire (+15 contre les nains et autres nabots des enfers).
    Merci à Marcus de démocratiser notre passion à tous (ou presque), merci même si quelques erreurs se sont glissées ici & là, je les corrigerai au stylo feutre indélébile fluo et même phosphorescent!
    Et avec la collection de rétrospective/analyse de l’évolution qui se trouve chez moi via les magazines TILT et autres Console+ & Joystick de 1ère heure je me dis que la grande bibliothèque d’Alexandrie n’a qu’à bien se tenir!
    Merci aussi pour « test » du livre de Marcus & Philippe Kieffer que je trouve passionnant et vraiment objectif, j’entends par là sans prendre partie.
    Quand au « boulet time »… que serait notre cher Marcus sans cela… ^^

    Freddy
    un lecteur et téléspectateur (game one/nolife) assidu

    PS : « Tilt » mon cher magazine… tu me manques

  7. @ Freddy
    Il est vrai que l’offre en matière d’ouvrages dédiés à notre microcosme s’étoffe de plus en plus, ce qui permet de se constituer une véritable petite bibliothèque… Le livre de Marcus, qui est tout à la fois un album souvenir et une vulgarisation de l’histoire vidéoludique, vient renouveler cette offre, qui n’arrive pas toujours à trouver le juste milieu entre le livre grand public qui énerve le joueur confirmé par ses approximations et le livre spécialisé qui effraie le néophyte !
    @Meilleurs Films
    Ça ne fait pas de mal, et c’est surtout tout a fait approprié au sujet traité !

  8. J’aime bien Marcus, mais honnêtement, vous n’apprendrez pas grand-chose et le livre se termine en à peine un quart d’heure. Tout le contraire du livre sur l’histoire des jeux vidéo polémiques : pas cher (4,99 euros), très complet (plus de 450 pages) et mieux écrit (plus de texte que d’images). Vous trouverez cet eBook nommé « La bible des jeux vidéo polémiques » chez Amazon et Applestore.

  9. Il est vrai que le livre de Marcus n’est pas un pavé qui tient son lecteur en haleine des heures durant… mais je ne pense pas que cela a été son objectif. Quant au livre que tu évoques, je ne le connais pas, mais le titre me paraît intéressant. Je vais probablement me laisser tenter, et pourquoi pas le présenter ici même…

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