L'histoire de Mario, par William Audureau

Lorsque l’histoire de Mario par William Audureau est sortie il y bientôt deux ans, je ne m’y suis pas intéressé tant le sujet me paraissait banal et connu. S’agissant de plus d’un livre écrit par un ancien journaliste de Jeux Video Magazine passé depuis par d’autres rédactions à orientation très grand public – de type SVM et 01net, j’avais peur de me retrouver face à un livre opportuniste – car sorti peu ou prou à l’occasion des 25 ans « officiels » du ventripotent plombier – et dénué de réel intérêt pour le passionné que je suis, à destination duquel le monde de l’édition a été assez généreux ces derniers temps.

Cependant, histoire de ne pas mourir idiot – et éventuellement de pouvoir poster ici même une critique assassine dans le pur style de Ze Killer – j’ai décidé de laisser une chance à l’ouvrage de William Audureau, qui traite de la genèse du moustachu jusqu’au début des années 90. Et force est de constater que je ne regrette pas de m’être offert les 400 pages du bouquin (ne partez pas en courant! C’est écrit gros et il y a des images!). Bien documentée, intéressante et très digeste, l’histoire que nous propose William Audureau mérite que l’on s’y attarde.

Pour sa démarche scientifique (dans le sens universitaire du terme) en premier lieu. En effet, là ou l’auteur aurait pu se contenter d’un ouvrage chronologique sans grand intérêt ni originalité, il se propose de répondre à une question qui paraît toute bête mais à laquelle aucune véritable réponse n’avait – à ma connaissance – été apportée jusqu’à ce jour : pourquoi Mario ? Mine de rien, organiser et exposer le résultat de ses recherches au regard d’une problématique, c’est basique mais toujours aussi efficace. Dans l’histoire de Mario de William Audureau, cela permet même de casser des préjugés et démystifier la mascotte de Nintendo. Rien que ça!

Et pour démystifier, le petit père Audureau démystifie! On apprend tour à tour que le design hyper-célèbre de Mario (dont une réinterprétation 3D de mon cru illustre cette page) n’est pas le fait de Shigeru Miyamoto, qui ne semble pas nourrir d’affection particulière pour le plombier, que son accession au rang de super-star doit autant au hasard qu’aux ambitions mercantiles de Big N et que Super Mario Bros. : Le Film n’est pas le nanard que l’on croit! Bien sûr, le livre reprend certains éléments connus de ceux qui s’intéressent d’assez prêt à la firme de Kyoto – et notamment ceux qui ont lu l’histoire de Nintendo de Florent Gorges – comme la genèse de Donkey Kong/Popeye ou l’imbroglio concernant Super Mario Bros.2, mais il les réintègre dans une réflexion d’ensemble qui leur donne du relief.

Bien documenté – et citant ces sources de façon très professionnelle, ce qui n’est pas toujours le cas dans le monde de l’édition vidéoludique – l’auteur apporte quelques explications sur certains des mystères entourant Mario; j’ai à ce titre particulièrement apprécié les chapitres traitant du « Minus World » et du recyclage de niveaux. Il est d’ailleurs un peu frustrant que l’histoire s’arrête au début des années 90 avec Super Mario World et le méfait hollywoodien, mais comme l’explique lui-même William Audureau, il s’agit de l’instant ou Mario est devenu une légende. Le reste appartient à l’Histoire…

Alors certes, le livre n’est pas parfait. D’une part, comme un peu trop souvent avec les petits gars de Pix’n Love, le travail de relecture souffre de grosse carences. Je ne pense pas avoir lu plus d’une double page sans tomber sur une coquille, une faute de grammaire ou un contresens. Mes deux erreurs préférées? Le Game Boy Advance qui apparaît dans un tableau traitant des adaptations de Donkey Kong dans les années 80 et une ligne – oui, toute une ligne! – qui disparaît dans un des derniers chapitres. Second point noir, le style littéraire qui est très inégal d’un chapitre à l’autre : certaines parties du livre se parcourent sans peine et avec un intérêt constant, tandis que d’autres – je pense notamment à l’historique de Donkey Kong – sont plus rébarbatives et dotées d’un style assez médiocre. Pour un livre vendu 22€, ces défauts font un peu tâches.

Toujours au titre des défauts, j’ai trouvé que la structure des chapitres était souvent trop scolaire, avec une introduction, un développement et une conclusion qui n’évite pas l’écueil des redites. La structure est parfois si apparente que le lecteur a plus l’impression d’avoir entre les mains un recueil de dissertations de 3ème qu’un livre. Et puis un dernier reproche pour la route : qu’aurait fait William Audureau sans les « Iwata Asks » qui sont à mon sens un peu trop souvent citées ?

Ne vous méprenez cependant pas : j’ai vraiment apprécié l’histoire de Mario que nous propose William Audureau. Le livre contient une mine d’informations, propose une vraie réflexion sur l’accession au titre d’idole et demeure le travail d’un passionné. Pour ce qui est du style, quelques explications données dans une « Warp Zone » fort à propos permettent par ailleurs de comprendre un peu mieux la structure un peu branlante de l’ouvrage. En bref : un très bon ouvrage pour les passionnées de Nintendo et de Mario. Quant aux autres… quels autres? Tout le monde aime Mario!

Bob Dupneu

2 comments

  1. Et bien que dire de plus? Merci pour ton avis! 🙂

    Je trouve ça toujours très intéressant de lire une critique personnelle des bouquins traitant du jeu vidéo, car
    1/ on en trouve assez rarement
    2/ quand on en lit dans un magazine, elles sont malheureusement souvent assez banales ou se contentent de dire « ouais c’est vachement bien! »
    3/ la qualité de ce type de bouquin est très inégale. On peut tomber sur des perles, comme sur des pavés mal écrits ou qui n’apportent rien au schmilblick.

    Or, c’est compliqué de se faire un avis à la FNAC en feuilletant parmi 400 pages. Alors merci qui? Merci Bob!

  2. Concernant les publications relatives à la sphère vidéoludique, il y a une espèce de bulle depuis 3-4 ans (qui finira bien par éclater !) et effectivement la qualité est très inégale. Par ailleurs, je regrette (un peu) la mainmise de Pix’n Love dans le domaine, et l’offre principalement franco-française (qui demeure une des plus étoffées au monde, cela dit!). Un peu de concurrence ne ferait pas de mal!

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.