Edge of Tomorrow, le Die and Retry cinématographique

Edge_Of_Tomorrow_02Pour les néophytes, un peu d’explication lexicale s’impose : dans le domaine vidéoludique, le « Die and Retry » désigne un genre assez ancien dans lequel le joueur est confronté à de nombreux obstacles dont la difficulté et l’imprévisibilité causent inéluctablement la mort. Pour s’en sortir, le joueur n’a donc qu’une solution : recommencer le même niveau, encore et encore, jusqu’à le connaître par cœur et passer ainsi outre ces obstacles autrement insurmontables.

Imaginé à une époque ou il était nécessaire d’augmenter artificiellement la durée de jeux autrement trop courts – mais également à une époque ou les joueurs n’étaient pas des pleurnicheurs qui beuglaient à la moindre difficulté… – le die and retry peine à exister aujourd’hui, sauf dans quelques jeux indés (Super Meat Boy ou Hotline Miami pour les plus connus). Alors baser un film sur un concept vidéoludique aujourd’hui en désamour, il fallait oser…

Edge_Of_Tomorrow_05C’est pourtant le pari que relève haut la main le film Edge of Tomorrow (sous-titré « Vivre. Mourir. Recommencer » et francisé « Aujourd’hui à jamais » pour nos amis québecois 😀 ), qui vient de sortir en Blu Ray et assimilés. Certes, il n’est pas le premier à exploiter le thème du paradoxe temporel : il y a plus de vingt ans, Harold Ramis dirigeait Bill Murray dans « Un jour sans fin », passé depuis à la postérité; d’autres films plus confidentiels existent également, mais le genre demeure peu prisé, pour une bonne raison : rendre intéressante la répétition demeure un exercice périlleux.

Edge of Tomorrow aurait pu être un jeu. Jugez plutôt : notre pauvre héros (Tom Cruise), petit scribouillard sans expérience du combat, se retrouve plongé dans une bataille digne du débarquement allié, et se fait tuer chaque jour. Une seule possibilité pour lui : s’améliorer afin d’atteindre la fin du niveau, aidé en cela par la Full Metal Pétasse (Emily Blunt). Si c’est pas du Die and Retry, qu’est ce donc ?

Edge_Of_Tomorrow_04Adapté d’un manga japonais – lui même tiré d’un roman de la même nationalité – Edge of Tomorrow garde de ses origines nippones un traitement iconoclaste des références historiques – les deux guerres mondiales – un goût pour les robots et un humour loufoque (l’enchaînement des morts de Tom Cruise lors de son entraînement demeurant pour moi un grand moment de cinéma !). Blockbuster américain, il évite soigneusement le patriotisme puant de nombre de films-dans-lesquels-les-américains-sauvent-le-monde-y-compris-ces-arriérés-de-français-en-2-CV-de-la-menace-extraterrestre et, malgré un déroulement et une conclusion assez prévisibles, sait progresser sur la crête qui sépare film d’action bourrin et film de science-fiction gonflant.

Edge_Of_Tomorrow_03Dans son approche du paradoxe temporel, le film demeure cependant extrêmement ludique : sans creuser le traumatisme auquel serait confronté un homme enfermé dans une boucle temporelle et condamné à une mort violente, le scénario se concentre sur le gain d’XP du héros et sa connaissance du niveau. Les deux jours qu’il revit sont comme un labyrinthe duquel le petit Tom parcours chaque branche, se heurtant sans cesse à de nouveaux murs avant de réussir – attention spoiler [ironie inside ©]  – à en trouver la sortie.

Edge of Tomorrow aurait pu être un niveau de FPS super dur, que le joueur aurait dû parcourir dans tous les sens avant de trouver le cheminement idéal, une sorte de speed run en réalité. Pourquoi pas? Ridge Racer sur PSX ne contenait qu’un circuit que les joueurs ont appris à exploiter… Edge of Tomorrow aurait également pu être un jeu d’énigmes, ou une aventure à fins multiples comme celles offertes par la série Way of the Samurai, qui enferment elles aussi le joueur dans un paradoxe temporel. Edge of Tomorrow aurait surtout dû être un Majora’s Mask avec des flingues, un paroxysme vidéoludique mêlant le déroulé du chef d’œuvre de Nintendo avec le gameplay d’un TPS. Et dire qu’il n’a fait l’objet d’aucune adaptation en jeu :’-( . Mais je garde espoir : le légendaire Goldeneye (« L’oeil de feu » pour nos amis Québecois 😀 … Ok, j’arrête de me moquer…) est bien sorti deux ans après le film dont il était tiré !

Bob Dupneu

Edge_Of_Tomorrow_01P.S.: Quand même, je tiens à faire remarquer que la jaquette du Blu Ray est proprement laide, surtout quand on la compare à l’affiche originale ! Non mais, ils ont fumé la moquette ou quoi? Faut arrêter de confier la conception des jaquettes de BRD au stagiaire, hein !
 
 
Bon, et pour finir, la bande-annonce du film, qui le dessert un peu à mon sens. Mais bon…

 

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