Star Wars Battlefront est un gros rat !

Star_Wars_Battlefront Je vais peut-être vous apprendre un truc, mais un nouveau film basé sur la licence Star Wars est sorti récemment. Et bien sûr, cela n’a pas été sans son lot de produits dérivés et événements plus ou moins hype. La franchise étant par ailleurs bien ancrée dans la sous-culture « geek », un jeu vidéo s’imposait dans ce contexte.

Star Wars vit une longue histoire d’amour avec notre média, et il faut bien avouer que le niveau moyen des jeux basés sur cet univers est assez honorable, avec en prime quelques perles. Alors quand un FPS multi a été annoncé, je me suis dit qu’il était peut-être temps de passer à la (plus si) nouvelle génération de consoles, mon ordinosaure ne me permettant pas d’espérer profiter des joutes de Star Wars Battlefront.

Une PS4 et quelques assauts sur Hoth, Jakku ou la lune d’Endor plus tard, je demeure finalement assez déçu. Non pas par l’expérience de jeu elle-même, qui demeure agréable et techniquement remarquable, mais par la pingrerie de DICE (développeur du jeu) et Electronic Arts (éditeur, passé maître dans l’art d’entuber ses clients). Car après tout, on parle tout de même d’un jeu à 70 euros, soit plus d’une journée de travail au SMIC horaire !

Et pour ce prix qu’avons-nous? Pas grand-chose ma bonne dame ! Quatre environnements, une (!) classe de personnage, et une poignée de modes de jeux, dont 2-3 sont réellement intéressants. C’est peu, surtout qu’il n’y a pas de mode solo. Et j’écris bien pas de mode solo : précision qui me semble importante, car tous les tests du jeu parlaient de faiblesse du mode solo. Ce qui n’existe pas ne peut pas être faible ! Et une demi-douzaine de didacticiels hors-ligne ne constituent pas un mode solo.

Ironie_InsideBon, j’étais de toute façon prévenu : Star Wars Battlefront est orienté multijoueur. Mais quand même, même une franchise annuelle qui doit son succès à son aspect multijoueur comme Call Of Duty fait l’effort de proposer un vrai mode solo, à grands renforts de scripts et d’effets tape-à-l’oeil. Et vu le potentiel de l’univers préféré d’Alec Guinness, c’est proprement scandaleux de la part de DICE de ne pas avoir fait un petit effort.

Wolfenstein_Enemy_Territory_logoD’autant plus scandaleux que, comme évoqué plus haut, le contenu du multijoueur est particulièrement maigre… L’ambiance et le rythme des parties m’ont rappelés le vénérable Wolfenstein Enemy Territory, proposé gratuitement il y a quinze ans (alors, on se sent vieux maintenant ?) et sur lequel j’ai passé pas mal de temps. Ceux qui ont connu le jeu ne manqueront pas de se rappeler qu’il proposait plus de classes de personnages, armes et options tactiques que Star Wars Battlefront, pour un nombre d’environnements similaire…

Le souvenir de ce généreux free-to-play à l’ancienne rend encore plus insupportable la logique de Star Wars Battlefront, appelé a être complété par la suite, à grands renforts de DLC. Comme un petit dealer de quartier, EA a d’ailleurs mis en place une stratégie fourbe pour habituer ses clients au DLC : le premier – la bataille de Jakku – étant gratuit (le contenu n’étant pas dans le jeu de base, soit-disant pour ne pas dévoiler d’éléments du film VII avant sa sortie)… La technique est fourbe mais réfléchie : en « offrant » ce contenu « supplémentaire », EA montre aux joueurs comment fonctionne le DLC. Une fois le chemin connu, le pigeon consommateur ira plus facilement chercher les DLC payants.

Star_Wars_Battlefront_Season_PassEt quels sont ces contenus payants? Le programme du Season Pass le détaille. Il ne s’agit que d’environnements, objets et personnages supplémentaires. Soit des éléments qui auraient dus être intégrés dès le début. Je peux comprendre un modèle économique dans lequel l’éditeur distribue la base de son jeu avant de vendre le contenu, mais dans ce cas, la base doit être gratuite ! Ce qui est loin d’être le cas ici : en somme, EA vend 70€ un moteur de jeu, et demande aux joueurs d’acheter son contenu par la suite. Pour avoir un jeu complet (mais toujours dénué de mode solo, faudrait pas être trop généreux quand même…), il faudra donc dépenser 120€ (le Season Pass étant a 50€), et cela sans compter les frais d’abonnement au service de jeu en ligne utilisé.

Alors au final, on a un jeu sympa mais loin d’être un chef-d’œuvre, et un modèle économique scandaleux. Cela me paraît d’autant plus inacceptable qu’en ce moment, je joue également à Metal Gear Solid V, Mortal Kombat X et Yakuza 5, trois jeux qui ont en commun de déborder de contenu. Ce qui est également choquant dans toute cette histoire, c’est que l’ensemble de la presse vidéoludique a soutenu le jeu avant sa sortie – ce qui peut se comprendre, la licence attirant du public – et a finalement été assez tendre avec le jeu, qui s’en tire en gros avec un 15/20. Si les sensations de jeu et sa technique méritent effectivement d’être reconnus, les journalistes ne devraient pas cautionner les dérives de l’industrie vidéoludique et conseillant l’achat d’un jeu (car attribuer 15/20 c’est conseiller l’achat du jeu) qui, au final, n’en est pas un.

Bob Dupneu

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