Bob a joué à… Bulletstorm

J’ai toujours aimé les doom-likes, que les petits djeunes appellent « FPS » désormais. J’ai commencé à pratiquer ce genre dès les origines, avec une version plus ou moins légale de Wolfenstein 3D installée sur un ordinateur de la salle de technologie au collège, puis j’ai continué avec les grands classiques : Doom, Duke Nukem 3D (dont un démarrage sous DOS un peu hasardeux aura pourri le fichier autoexec.bat du Windows 95 de mon pôpa, ce qui m’aura valu une interdiction d’ordinateur de quelques semaines…), Turok, Goldeneye 3D… Aujourd’hui genre dominant s’il en faut, le FPS s’est diversifié et offre désormais plusieurs types d’expériences ludiques. Mais malgré tout, le côté bourrin assumé des origines demeure ma saveur préférée. C’est donc avec intérêt que j’avais assisté à la sortie de Bulletstorm, décrit partout comme étant un « FPS bourrin moderne ». Tout un programme…

Bon, autant ne pas y aller par quatre chemin : Bulletstorm, c’est quand même un gros kiff de brutasse. Il faut dire que vu la dégaine macho-puant-de-nanard-américain-gonflé-à-la-créatine du héros, même Gears of War passerait pour un chef-d’oeuvre de poésie lyrique. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de trouver un certain Cliff Bleszinsky au générique, un p’tit gars marrant mais du genre qui aurait réalisé des films de gladiateurs à la chaîne quelques décennies plus tôt. Enfin bon, il serait malvenu de critiquer la beaufitude d’un jeu que j’ai parcouru en calbutte et marcel, en descendant cannettes sur cannettes… Bref, le jeu est typé artistiquement parlant (enfin, artistiquement, le mot est un peu osé…). Malheureusement pour moi, j’ai mis la main sur une version japonaise du jeu, qui s’est avérée censurée : pas de sang, passage tronqués… Ça, pour proposer des jeux érotiques avec des mineures en uniformes scolaires, les japonais sont forts, mais quand il s’agit de démembrer et de massacrer son prochain, il n’y a plus personne! Remarquez, ça ne m’aurait pas gêné si je n’avais pas remarqué que les captures d’écran visibles sur Internet étaient plus « graphiques » que ce que j’avais sur mon écran…

Etonnament cependant, l’histoire qui nous est comptée se laisse suivre. On est en plein dans le trip SF qui tâche, mais certains éléments bien pensés (avec une mention spéciale pour les premières scènes du jeu, vraiment sympas) permettent de passer outre le côté simpliste de l’ensemble. Les développeurs ont même fait l’effort de justifier scénaristiquement le système de scoring au coeur du jeu. Parfaitement inutile mais révélateur d’une envie de bien faire. Les environnements sont agréables à traverser, la réalisation tout à fait honorable : Bulletstorm s’est donné les moyens de ses ambitions, celles d’un bon gros jeu bien défoulant, qui n’apporte aucune révolution mais interprète une partition connue avec talent et personnalité. Certes, on pourra toujours trouver des défauts techniques au jeu (j’ai notamment en tête un point de sauvegarde automatique qui m’a fait respawner dans un coin de décor duquel il était impossible de sortir… ce qui m’a obligé à recommencer le niveau), mais rien de nature à troubler l’expérience proposée.

Alors oui,Bullestorm est connu pour son système de scoring. Mais de quoi parle-t-on au final? Il s’agit simplement d’une façon qu’on eue les développeurs de récompenser les joueurs pour l’inventivité et la diversité de leurs mises à mort. Chaque action prévue par le jeu et réalisée par le joueur donne lieu à l’attribution de points, les combos étant possibles et très rémunérateurs, les points accumulés servant à acheter des munitions et des améliorations pour les armes. Du coup, les munitions – même spéciales – ne seront jamais un problème dans Bulletstorm, tant les points s’accumulent rapidement et les dropkits permettant de les dépenser sont nombreux. Cette considération bassement matérielle mise de côté, le joueur a l’esprit libre pour mener au bien son entreprise meurtrière, si possible en faisant preuve d’imagination. Comme le jeu n’est pas franchement dur et que la santé de l’avatar remonte vite pour peu que le joueur prenne la peine de se mettre un peu à couvert, la progression dans Bulletstorm ne sera jamais fastidieuse, ce qui est un plus pour un ludophile au temps de jeu très limité comme moi 😉

Au niveau de l’armement, le jeu ne brille pas par la quantité, mais par la qualité. Bon, il est vrai que le fusil de sniper est totalement raté (les développeurs ayant inclus un système de balle guidée intéressante sur le papier mais naze en pratique), que le perforateur et le lance-bombes passent à côté de leur sujet (les deux s’annonçaient funs au possible mais s’avèrent brouillons et sans saveur) et que le fusil à pompe ne donne pas l’impression de surpuissance qu’il devrait, mais pour le reste, c’est du tout bon. L’arme principale permettrait même de finir le jeu, mais ce serait passer à côté du revolver qui se transforme en lance-roquette après amélioration, du lance-grenades à chaînes qui peuvent servir de mines (ce qui n’a pas été sans me remémorer les beaux jours de Goldeneye 64) et, bien-sûr, du lasso. c’est bien simple, ces quatre armes combinées apportent tellement de bonheur que je n’ai presque pas utilisé les autres. Et ce qui est agréable, c’est qu’il est tout à fait envisageable de finir le jeu avec le revolver amélioré, sans même être un hardcore gamer masochiste !

Le lasso, parlons-en. Plus qu’un fouet à la Indiana Jones, il s’agit d’une belle trouvaille qui, outre quelques actions contextuelles, permet de déloger de leur planque certains ennemis et de les mettre en orbite suffisamment longtemps pour les transformer en passoires, le tout avec classe. Et puis une fois l’amélioration obtenue, le lasso permettra au joueur un tantinet bourrin de donner un gros coup au sol qui enverra sur Mars tous les adversaires présents. Rarement une arme ne m’aura donné tant de sentiment de puissance! Indépendamment de ses capacités propres, le lasso sert également a amorcer les combos, les ennemis devenus pour un temps astronautes ayant la correction de ralentir leur progression en l’air, juste histoire de faire des cibles plus faciles…

Dans Bulletstorm, on l’aura compris, il ne s’agit donc pas tant de tuer que de tuer avec passion et originalité. Et le jeu déborde de tentations : piques sur lesquels empaler John, arc électrique dans lequel cuisiner Buck ou encore hélice géante pour hacher menu le pauvre Jean-Paul. Comme dans Sleeping Dogs que j’avais tellement apprécié l’an passé, Bullestorm fait donc du décor un acteur à part entière de l’expérience de jeu. Et comme dans Sleeping Dogs, la précipitation d’ennemis est prise en compte et valorisée par le jeu, ce que j’apprécie grandement. J’ai également aimé la liberté donné au joueur, qui peut être bourrin jusqu’au bout : certes les mini-boss sont équipés du fameux pack-dorsal-rouge-vif-qui-va-péter-si-on-tire-dessus de tous les gros ennemis de l’histoire récente du FPS (la scène d’Il faut sauver le soldat Ryan dans laquelle un porteur de lance-flamme explose aura fait des émules dans le jeu vidéo…), mais rien n’empêche de le dégommer face-à-face, à grands coups de grenades à chaînes… Et dans le même ordre d’idées, il n’existe pas à proprement parler de boss : quelques passages un peu plus chauds et un combat final que je qualifierai d’original, mais on évite le syndrome de l’ordure invincible qui fait perdre une heure alors qu’il est déjà deux heures du matin et qu’il faut se lever à cinq heures trente pour aller bosser. Tous les ludophiles mariés, père et avec des responsabilités professionnelles sauront de quel type de boss je veux parler…

Bref, je pourrai épiloguer encore longtemps, mais pour faire rapide, j’ai vraiment aimé Bulletstorm. Bourrin, nerveux, généreux et plein de bonnes idées, le jeu a en plus le bon goût d’être accessible et de proposer une progression rapide. La fin laissant espérer une suite, j’ai peut-être trouvé là une nouvelle série fétiche !

Bob Dupneu

2 comments

  1. Je trouve toujours aussi rafraichissant de lire des critiques sur des jeux sortis il y a un bout de temps. Sur le web, les médias parlent des jeux vidéo comme des étoiles filantes… La star d’un jour disparaît en quelques jours, quelques semaines au mieux, et ce même pour les plus gros blockbusters. Qui écrit encore sur GTA V sur les sites généralistes?

    Bref, ça me rappelle que ce jeu est déjà sorti il y a 3 ans (!) et n’a pas forcément eu un grand succès. Pour la création d’une suite, ça me laisse des doutes.

    Bercé par les mêmes jeux que toi durant mon adolescence, je ne rechigne jamais à tester un bon vieux « Doom-like » des familles. D’ailleurs, Doom-like avait à la fois la connotation de « FPS », mais aussi de bourrin, sanglant. Ca voulait dire ce que ça voulait dire quoi ! On savait qu’on allait avoir du « Booom », des monstres très très bêtes et méchants, du sang et des cadavres.

    Personnellement, en ce moment (à temps partiel je dirais), je m’essaie à Shadow Warrior (le remake), qui surfe aussi sur la mode du bon vieux shooter bourrin. Mais qui est quand même bien plus évolué que son illustre ancêtre. Des clins d’oeil, assez long, et doté d’une arme hyper sympa – je ne joue qu’avec – j’ai nommé le Katana ! Pour oublier une journée de travail harassante, rien de mieux que le découpage de revenants en règles 🙂 Je te le conseille à l’occasion

  2. Ah oui, Shadow Warrior… Un ancêtre sur lequel j’ai passé un certain temps en son temps (mais je suis totalement passé à côté du remake). A l’époque, un des points intéressant – notamment avec le moteur Build qui servait de base au Duke et à Shadow Warrior, mais aussi à Redneck Rampage si ma mémoire n’est pas défaillante – c’était la possibilité de créer et de partager ses niveaux. Les doom-likes le proposaient, mais également d’autres jeux; je me rappelle du temps passé sur les éditeurs de Tony Hawk 2, GTA (je crois me rappeler que l’éditeur n’était pas officiel cependant) ou encore Starcraft. Malheureusement, cette fonction n’est plus proposée de nos jours… Il faut dire que les jeux sont plus complexes. Une autre époque, que nous avons de la chance d’avoir vécue !

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